[Archives lettre] JUIN (n°3 – 1er juin 2022) – « Il est temps de prendre les comiques au sérieux. »

« L’humour est une tentative pour décaper
les grands sentiments de leur connerie. »

Raymond Queneau (Journaux, 1914-1965)

« Il est temps de prendre
les comiques au sérieux »

Le titre de ce mois-ci est une citation de Michel Lebrun (écrivain, scénariste, dialoguiste, traducteur). Elle est si simple et si juste qu’elle aurait pu être dite par vous et moi (enfin, moi, c’est certain, car je la serine). C’est d’une telle évidence ! D’ailleurs on aurait bien besoin de bons comiques en ce moment (je vous fais grâce de l’actualité) ; on aurait bien besoin d’un Charlie Chaplin en dictateur (certes, il est peu connu pour ses romans, mais si vous en trouvez un de lui, gardez-le : c’est certainement un placement).
Je me disais cela d’autant plus en cherchant ce mois-ci pour la partie nouveautés de cette lettre quelques livres humoristiques qui vaillent la peine. J’en ai acquis de prétendus comme tels, j’en ai lus (pas tous, pas eu le temps, mais ça me fait du stock pour les prochaines lettres) et je dois reconnaître que pour certains je me suis royalement planté dans mes pronostics. Ainsi et entre autres dont je vous fais l’économie, le tout récent et décevant au final Jean-Paul Delfino, Isla Negra qui démarrait fort (un vieux dans un manoir face à la mer qui refuse d’être exproprié ; un promoteur véreux, une vieille qui a des dossiers sur tout le monde, une bimbo perdue, des huissiers stupides… Une belle galerie de personnages savoureux et toute une mise en scène alléchante en postulat) et aurait dû canarder en tous sens… Et plaf : il s’est avéré plutôt plan-plan et un peu désuet. Alors, furax, j’ai ratissé toutes les listes de nouveautés pressenties que j’avais établies et j’ai lu des extraits (ça y est je me méfie, je n’achète plus les yeux fermés s’il y a le mot « hilarant » en 4e de couverture — et pourtant je le sais depuis longtemps). J’ai fait dans le big data à ma manière en croisant les pistes, les listes, les noms, les sources et les moteurs de recherche… mais nada, que pouic. Il ressort, mais c’est bien une des motivations de cette lettre, que la littérature contemporaine est d’un sérieux sinistre  — ce qui fait donc, soit dit en passant, les beaux jours de la littérature feel good qui passerait du coup pour être subtile.
Reconnaissez que ce qu’on nous propose n’est qu’affaires de secrets de famille, de nombrils mal embouchés voire débouchés de façon inappropriée, ou d’horreurs en tous genres dont l’humanité a le talent dès le bulletin d’infos de 7 heures. Et vas-y que je te truelle du pathos et du lacrymal, du lourd et du pesant, du sordide et de l’horrifique pour faire profond. Car il faut être coincé et affligé si on veut « laisser à penser »… Sur le mode grave de chez grave comme (ne) disent (même plus) les jeunes. Allez, un chiffre au doit mouillé résultant de ma quête de ce mois de mai : 1 livre sur 100 (?) relève de l’humour exigeant. Comment en est-on arrivé là ? Que fait la police, hormis vendre des faux billets de matchs de foot (si j’ai bien compris) ? Ne doit-on rire que lors de navrants stand up de nos vies conjugales ou de la bobologie du quotidien ? Ce n’est pas qu’on refuse d’entendre parler de sujets importants, comme par exemple les inépuisables misères et bêtises du monde, bien au contraire, mais c’est juste qu’il faudrait peut-être savoir en parler différemment, avec les sublimes subversion et puissance de l’humour, avec l’appel non pas à la simple émotion, mais enfin à l’intelligence des lectrices (> là, si je dis lectrices, je ne fais pas dans une hypocrite parité : c’est juste qu’il y a bien moins d’hommes qui font le marché de l’édition ; il faut être lucide. Pardon les gars assis au fond). Jonathan Swift, revient ! Ils sont totalement déprimés !
J’en veux pour preuve les critiques de la dernière palme d’or de ce tout récent festival de Cannes. Le film Sans filtre de Ruben Östlund (qui avait eu une palme d’or précédente pour The Square, bijou d’humour qui se cogne avec intelligence le monde de l’art contemporain), film que certes je n’ai pas encore vu, se fait étriller il faut voir avec quelles moues dégoûtées (ce serait une pochade marxiste – beeerk, oh non ! — mais je demande à voir, et si ça se trouve, tant mieux) parce qu’on n’aurait pas promu tel ou tel autre film, sans doute très talentueux, mais ostensiblement concerné et accablé… Le tort de Sans filtre ? Sans doute d’être simplement un film satirique. C’est le problème dans ce pays, et c’est criant en littérature contemporaine. L’humour est considéré comme dégradant. « Faites chiant » aurait conseillé François Mauriac aux jeunes auteurs. Eh bien, tous l’auront écouté, et tous en sont malades. Les Anglais, au moins, quand sortait un nouveau Terry Pratchett (auteur de fantasy humoristique décédé il y a quelques années) le plaçaient illico, eux, en tête des ventes. Ils sont ce qu’ils sont, ces dingues de guindés d’Anglais (<< prononcez ce passage à voie haute, juste pour voir), on ne va pas revenir sur de vieux dossiers, mais ces messieurs rient les premiers.
C’est bien le rôle de cette lettre qui est en train de déferler sur la planète : promouvoir l’humour en littérature (certes, pas n’importe lequel : on n’a pas gardé Bridget Jones ensemble, tout de même). Je n’ai pas l’air comme ça, mais je suis un forcené retranché avec mon nez rouge et mon entonnoir sur le crâne, mais qui refuse de rire bêtement. Et il va falloir venir me déloger.
Et trop tard pour vous : vous voici enrôlés.
Bonne lecture.
Francis
PS : je vous rassure. Grâce à la générosité de l’ami écrivain Jean-Paul Carminati (dont il sera un jour ici question et ce sera bien fait pour lui qui fait le malin, et à qui on a dit un jour que son roman était trop drôle pour être publié en littérature) il y a une nouveauté (pas trop vieille, mais 3 ans tout de même) dont je vous parle ci-dessous. Ouf, il m’a sauvé le coup. Merci Jean-Paul.

Le numéro 3 de VIS COMICA (ce numéro) est > ici jusqu’au 30 juin
(et après, il bascule cruellement en archives réservées aux soutiens).
Au sommaire de ce numéro 3 : Pan sur le Houellebecq – Sourions parmi les pierres tombales ; Une centenaire féministe serial killer – Un roman feuilleton raté et un autre non – Deux textes en ligne d’un déjà dinosaure cyber-écrivain – Un classique pour briller lors des dîners en ville et montrer qu’il y en a sous votre pédale – Le courrier des lecteurs qui disent des trucs – VIS COMICA recrute (mais ne serait-ce pas du travail dissimulé ?)


Vous êtes 13 906 341 à recevoir cette lettre et je vous en remercie. (Vous pouvez vous en désabonner aisément en bas).
Ils se sont apparemment désabonnés de VIS COMICA au mois de mai : Régine (femme de plume) ; François Blais (écrivain humoristique québecois – on en reparlera ici peut-être) ; Friedrich Christian Delius (écrivain allemand inconnu de moi, auteur de Die Liebesgeschichtenerzählerin ce qui contraignait à ne l’éditer qu’en grand format) ; Juan José Mosalini (bandéoniste argentin. Un comique certainement comme ils le sont là-bas dans le quartier de La Bocca en fin de soirée) ; Angelo Sodano (cardinal italien ignorant le bandonéon, mais il se chuchote qu’il était drôle, lui, en fin de soirée, quand il racontait en la mimant l’histoire du nain déguisé en pompe à essence) ; Claude Michelet (qui avait annoncé la disparition des palombes) ; Pierre Belfond (encore un qui ne m’éditera pas) ; Hakim Bey (poète et philosophe américain estimable et plutôt pirate) ; Vangelis (musicien à prises multiples) ; Michel Vinaver (écrivain pas rasoir, pourtant ex PDG de chez Gillette France) ; Miss. Tic (murs-mureuse).
La formule rituelle : J’espère que ce n’est pas la teneur de cette lettre qui a motivé leur choix, et que nous aurons le plaisir de les revoir parmi nous. Chaque désabonnement m’interpelle, car je fais en effet tout pour que cette lettre réponde à vos attentes et suis dans une réelle dynamique de progrès et de recherche constante d’améliorations, blablabla. N’hésitez pas à me suggérer des trucs, voire des machins.
Ah oui au fait : mon nouveau roman, auto-édité à la suite d’une souscription réussie il y a 7 ans (!) est disponible ici en papier et epub. Mais vous êtes nombreuses et nombreux à le savoir déjà ici.


C’EST (VRAIMENT) drôle (DE SE MOQUER)

[PRÉ REQUIS : détester ce fichu Houellebecq, ou vouloir s’en désintoxiquer ; suivre peu ou prou l’actu germanopratine et les people médiatiques ; vouloir dégonfler les toujours flasques baudruches littéraires ; avoir un goût pour les exercices de style ; être teigneux-se et revanchard-e]
Or donc l’écrivain (entre autres humoristique) Jean-Paul Carminati, dont j’ai l’honneur d’avoir l’amitié, m’a envoyé Mélatonine de Pascal Fioretto, pastiche de Sérotonine de Houellebecq, en me glissant :« Tu vas adorer ». J’étais perplexe : quoique Pascal Fioretto, auteur à la plume féconde, grand pasticheur qui sévit chez Fluide glacial, soit de grand talent, je n’avais que goûté que la lippe perplexe un de ses récits, Un condamné à rire s’est échappé où il narre, finalement avec complaisance, la pression épuisante que ressent le clown plumitif sommé de répondre en permanence à l’injonction de la rigolade. Carminati, qui sait que Houellebecq est pour moi l’ennemi (misanthropie, mysoginie, extrême vulgarité, ambition de désenchantement, plaisir de gratter là où ça fait mal et de nous enfoncer la tête sous l’eau, absence de style et de souffle, indigence de la pensée ou tendances politiquement douteuses. C’est de la littérature mortifère et toxique… — Bon, j’arrête là) ne s’est pas trompé. Mieux qu’adorer Mélatonine, j’ai parfois rit aux larmes et lu avec une franche admiration bien des pages. Fioretto a un talent fou, à la hauteur d’un Pascal Rambaud. Son pastiche en dit cent plus plus que n’importe quelle critique détaillée et colérique qui s’acharnerait sur l’œuvre, le propos, le style et le personnage de Houellebecq qui en sort atomisé par des mégatonnes de ridicule. Une telle force de dérision, de mise en boîte, de démontage et de restitution des mécanismes d’écriture, avec la virtuosité et l’élégance du pince-sans-rire force le respect et le roi Houellebecq est plus que nu sous son imper fripé. Et par ailleurs, Fioretto, lui, peut vraiment se vanter de restituer un « réel » que prétend pointer Houellebecq, sauf qu’il en neutralise la déprime parce que, lui, il se pourrait bien qu’il aime les gens. Après cette lecture définitive, on ne ressent même plus le besoin de s’énerver contre Houellebecq : il n’est plus qu’anecdote.
Quoique il faut lire le pastiche dans sa continuité pour être pris dans la musique  humoristique du pasticheur qui fait écho aux romans bourrés de bavardages ineptes ou méprisants de Houellebecq, voici ci-dessous un extrait, qui, je l’espère, vous convaincra : les pages 67 à 73… Le personnage de l’écrivain professionnel de la dépression, qui vient de passer une soirée de débauche inattendue et surprenante, est venu chercher l’inspiration dans « la France périphérique », s’inquiétant par ailleurs « d’aller bien ». Exercice de style de Fioretto qui excelle donc ici dans l’imitation des écrits de Houellebecq que d’aucuns habillent pourtant de prétention sociologique ou d’une prétendue acuité sur l’air grisâtre de la post-modernité consumériste, alors que ce n’est que du remplissage sans vision, ni dimension ou point de vue, mu par une seule fascination morbide et fielleuse pour une vacuité qu’il prétend déceler partout, et seulement en l’énonçant :

Mélatonine – Pascal FiorettoEAN : 9782221243237 – 162 pages – Robert Laffont (10/10/2019)
> À noter que le roman en entier est téléchargeable ce mois-ci, et dès à présent, pour les soutiens en format epub et PDF en zone privée de ce site. Ah, les veinards qui ont un epub offert chaque mois ! (Mais comment ont-ils bien pu faire pour avoir un tel privilège ?)


C’EST (UN) drôle (DE LIVRE)

[PRÉ REQUIS : aimer l’humour noir, l’irrévérence, le macabre et visiter les cimetières ; aimer les anecdotes dont on ne se souviendra pas ; ]
Denis Cosnard n’est pas qu’un handicapé patronymique probablement traumatisé à l’école primaire, il est aussi journaliste au Monde, essayiste (sur Modiano ; il aime décidément le létal) et biographe. Il a aussi visiblement une marotte : les épitaphes, les avis de décès qui soldent des existences où tout fut « neige d’antan », vanité ou ridicule. Son ouvrage L’annonce de ma mort est très exagérée (titre qui est la formule communiquée par Mark Twain à la presse qui l’avait prématurément enterré) est un petit objet curieux et inclassable comme sont les compilations du genre. C’est drôle souvent, parfois un peu ennuyeux comme le sont les collectionneurs passionnés, et même un peu tireur à la ligne comme un éditorialiste un lendemain de bouclage arrosé, mais ça fait l’affaire et rend les morts vivant. C’est surtout à offrir à qui vous voulez adresser un message de bonne santé. C’est ce qu’on m’a fait, d’ailleurs, et aussitôt j’ai pris rendez-vous chez Doctolib. Voici le premier chapitre (après l’avant-propos qui expose ce projet singulier). Faites comme si vous étiez debout dans la librairie en train de lire pour savoir si vous allez l’acheter ou non, et méfiez-vous s’il y a une personne en robe de bure tenant une faux derrière vous

L’annonce de ma mort est très exagérée – Denis Cosnard – EAN : 9782749168388 – 160 pages – Le Cherche midi (14/10/2021)


C’EST (drôle et) (RE) NOUVEAU

[PRÉ-REQUIS : aimer l’humour très noir ; être féministe radicale, aimer passionnément l’amour et les hommes, mais en désespérer ; goûter le style Audiard ; dire « chocolatine » plutôt que « pain au chocolat »]
La quatrième de couverture :
Six heures du matin, Berthe, cent deux ans, canarde l’escouade de flics qui a pris d’assaut sa chaumière auvergnate. Huit heures, l’inspecteur Ventura entame la garde à vue la plus ahurissante de sa carrière. La grand-mère au Luger passe aux aveux et le récit de sa vie est un feu d’artifice. Il y est question de meurtriers en cavale, de veuve noire et de nazi enterré dans sa cave. Alors aveux, confession ou règlement de comptes ? Ventura ne sait pas à quel jeu de dupes joue la vieille édentée, mais il sent qu’il va falloir creuser. Et pas qu’un peu.
Réédition ces dernières semaines au Livre de Poche d’un roman de Benoît Philippon paru aux Arènes en 2018, Mamie Luger est un récit sacrément culotté : avec le personnage de Berthe, 102 ans, hénaurme, façon San Antonio, ce livre mêle en effet sans scrupule des pages sensibles et très écrites, sinon belles, à des dialogues à la verve rurale caricaturale. Ainsi, lors des premières pages, on prend peur en se disant que non, on ne voulait pas lire une histoire des Bodin’s à la ferme. Heureusement, il en est autrement, et pour effacer cette impression et se laisser aller un chapitre sur deux, on se gardera en référence et en tête le 1275 âmes de Jim Thompson, pour être bienveillant et suivre l’auteur dans son projet. Mais surtout, au travers de la vie d’une centenaire tueuse en série, Benoît Philippon brasse avec lucidité et précision, tout un siècle effroyable quant à la condition féminine. Les hommes n’en sortent pas grandis — d’ailleurs, avec Berthe, ils ne s’en sortent même pas du tout.
À la fois d’un humour très noir et d’une compassion aigüe pour les jeunes filles, femmes, vieillardes, qui n’auront ou ont eu de cesse durant leur existence de se heurter à la domination, la bêtise et la violence masculines, c’est aussi, malgré des clichés, des archétypes, voire des tours de passe-passe dans l’intrigue (mais, là aussi, qu’on sent assumés pour répondre à la face grand-guignolesque), un joliet roman d’amour. Un reproche : c’est peut-être un peu long (quelques cadavres de moins n’auraient pas gâché le plaisir). J’imagine aisément qu’un film façon Garde à vue de Gérard Miller en comédie historico-rurale noire est en train de mijoter. Je ne connaissais pas ce Benoît Philippon qui a sans doute une belle aisance de plume protéiforme. On y reviendra dans VIS COMICA à l’occasion pour vérifier.
Voici les 3 premiers chapitres. Faites comme si vous étiez debout dans la librairie en train de lire pour savoir si vous allez l’acheter ou non, et méfiez-vous s’il y a une mamie, façon Carmen Cru, derrière vous prête à vous asséner un coup de Lüger : 

Malmie Lûger – Benoît Philippon – EAN : 9782253241485 – 384 pages – LE LIVRE DE POCHE (25/03/2020)


C’EST UN (PAS) Drôle de ROMAN-FEUILLETON

[PRÉ-REQUIS : adorer ou détester FabCaro ; aimer repérer les people littéraires entre autres ; aimer le burlesque ; comprendre que le roman feuilleton, c’est presque du roman et pas de la BD]
Sur la fois d’un article tressautant des pages Culture du Monde (chez VIS COMICA on se documente sérieusement, car on se sait surveillé), j’ai acquis Guacamole Vaudou, le dernier opus de (Éric Judor et) Fabcaro, auteur de BD (le fameux album Zaï Zaï Zaï) adulé et multi adapté, qui fait dans le roman humoristique, lui aussi adapté. BD que j’apprécie, mais romans humoristiques que je n’aime pas car ils me font penser à un spectacle de stand up comme il y en a tant : le personnage, petit bourgeois bohème artiste qui se débat avec ses angoisses domestiques et la famille… Oui, bon. Ce qui est dommage, c’est qu’il ne se renouvelle plus, mais reste toutefois à la mode, depuis son Zaï Zaï Zaï.

En fait, Les six fonctions du langagele roman feuilleton de Clémentine Mélois, plasticienne au talent fou et à l’humour exigeant, membre de l’OULIPO, qui avait ouvert la collection de romans feuilletons au Seuil m’avait — vraiment — sur certaines pages fait tant éclater  de rire que j’ai cru Le Monde sur parole à propos du Fabcaro, et ai surmonté mes réticences et acquis la chose. Mal m’en a pris : c’est franchement lourd, poussif, mal composé, paresseux, bête. Il n’y a pas photo entre les deux formes d’humour, et pourtant c’est du roman-photo (< NB : il faudra que je réécrive cette phrase. L’idée comique est là, mais ce n’est pas tellement bien formulé).
Bref, VIS COMICA vous suggère d’économiser les sous du FabCaro et de vous procurer le Clémentine Mélois qui a d’ailleurs cartonné (15 000 exemplaires amplement mérités) et, le comble, bénéficie d’une massive estime de VIS COMICA — et c’est vraiment rien de le dire.
Ci-dessous les 2 pages du Judor/Fabcaro que Le Monde avait reproduites. Vous en saurez suffisamment. Le Judor-Fabcaro : Guacamole vaudou – Seuil 06/05/2022 – 80 pages – EAN : 9782021483840
Le Clémentine Mélois : Les six Fonctions du langage – Seuil 04/03/2021 – 112 pages – EAN 9782021467772. Je ne vous mets ci-dessous que cela du Mélois, car je ne veux pas gâcher vos futurs fous-rires :

C’EST (drôle et) EN LIGNE

Marc Mahe Pestka essayant de calmer sa joie d’être dans VIS COMICA juste après le Nobel Vargas Llosa.

[PRÉ-REQUIS : aimer la fantasy drôlatique à la Neil Gaiman (American Gods), les expériences d’écriture en ligne ; les jeux de dialogues argotiques à la Audiard revisités « à date »]
Marc Mahe Pestka est un poète et écrivain (et game designer) qui sévit sur le Net depuis toujours, et mieux, depuis le début. Les plus dinosaures d’entre nous qui ont chuté dans le web — à l’époque où des gens affichaient par snobisme une fausse adresse mail sur leur carte de visite ; je parle des années 1995-2000 — se souviennent peut-être de ce précurseur qui se faisait appeler dans sa période cyberpunk e-troubadour marco et a tôt expérimenté en se faisant remarquer à juste titre l’écriture hypertexte et autres possibilités qu’offraient soudain les formes interactives. Le troubadour a très bien durant tourné toutes ces décennies puisqu’il a continué discrètement son œuvre d’écriture et est devenu même lecteur de VIS COMICA et soutien de celle-ci, ce qui vous donne un peu une idée du niveau. Dans le cadre de notre politique de copinage et de conflits d’intérêts, je me permets de vous signaler deux drôles de créations (drôles) de Marc sur son blog Dangersetmerveilles.com.
• Une nouvelle drôlatique qui lorgne je trouve vers Neil Gaiman, ce qui est un compliment : Chevalier du Christ
• Une lecture interactive qui vous fait cliquer (comme si vous étiez en copie cachée des SMS de deux marlous) : Le veca se biffreu. — On aura saisi la référence au Cave se rebiffe d’Albert Simonin adapté par Audiard (auteurs dont on parlera un de ces quatre).


C’EST (DÉSUET) ET (TOUJOURS ?) drôle ?

[PRÉ-REQUIS : aimer la littérature classique, l’humour anglais, la comédie sociale ; aimer les séries aristocratiques genre Downton Abbey ; montrer qu’on sait de quoi on parle en matière de littérature satirique ; voire être soi-même un universitaire enseignant la littérature et être digne d’un personnage de Un tout petit monde de David Lodge].
Dans toute recommandation sur la littérature humoristique, on vous dira qu’un des grands anciens est
La Foire aux vanités (roman sans héros) de William Makepeace Tackeray, précurseur de bien des romans du genre, inspirateur d’un titre de magazine fameux (Vanity fair), source inépuisable de pléthore d’adaptations cinématographiques et audiovisuelles, dont une des plus récentes a été une série télévisuelle diffusée avec succès sur Arte en 2018.
En voici un résumé efficace et alléchant (dont je ne suis pas l’auteur) :
Il s’agit de l’un des plus grands classiques du roman anglais. Le XIXe siècle britannique est divisé entre Dickens et Thackeray comme le nôtre entre Balzac et Stendhal. Thackeray (1811-1863) est l’égal de Stendhal et La Foire aux Vanités (1848), son chef-d’œuvre. Il y utilise un style humoristique ou ironiquement épique pour donner l’un des plus grands romans de satire sociale en langue anglaise. La thèse fondamentale du livre est que, dans la société occidentale, le seul moyen d’arriver, si l’on est sans naissance ni fortune, est de violer tous les principes moraux que la société fait semblant de respecter. La question qu’il pose donc est : qui faut-il blâmer, ces aventuriers, ou le système qui les rend nécessaires ? Le personnage principal est une femme hypocrite, ambitieuse et sans scrupules : on assiste à son ascension au sommet de la société et à sa chute. Autour d’elle s’agite, dans une immense fresque, la  » Foire aux Vanités « .
On ne vous cachera pas, mais cela n’engage que VIS COMICA, que cela a bien vieilli depuis 1848, et que cela m’est très vite tombé des yeux. Toutefois, il y a une foule d’adeptes enthousiastes de ce genre de style d’écriture quelque peu compassée, d’œuvre un brin surranée (— et peut-être qu’un jour, mieux luné, je trouverai cela moi aussi formidable. C’est peut-être seulement le Brexit qui me barbouille temporairement).
Puisque vous ne connaissiez pas l’existence de William Makepeace Tackeray (je m’adresse  cette fois encore à ceux du fond de la classe) et donc que vous n’auriez même pas cherché à l’acquérir pour vous faire une opinion alors qu’on le trouve facilement sur le web, je vous le mets ici à télécharger dans un simple souci de service au public, en epub (dossier compressé zip, 2 tomes (> Téléchargez ici les 2 tomes en format epub de La Foire aux Vanités,), afin que vous vous fassiez vous-même votre idée. Les premières pages, sinon, lisibles immédiatement : > La préface du traducteur et le premier chapitre ici en PDF > La foire aux vanités début.


LE (drôle DE) COURRIER DES LECTEURS

• JEAN PEZENNEC, écrivain (sa Tarte aux phrases a été chroniquée dans le N°1 de VIS COMICA), de Nantes (et soutien de VIS COMICA) :
« Merci pour ton Vis Comica numéro 2, aussi intéressant que le numéro 1. Je n’avais pas non plus prêté attention au fait que bien peu de femmes écrivent de l’humour. Un nom tout de même me vient à l’esprit : Dorothy Parker, qui figure entre autres dans l’anthologie Planète Les chefs d’œuvre de la méchanceté concoctée par Jacques Sternberg.
Merci également pour les éléments divers que tu as déjà mis en ligne sur le site de Vis Comica, intéressants pour quelqu’un qui comme moi s’intéresse à l’humour. » 

Merci Jean, je les rajoute à la liste des auteurs à traiter ! Toutes suggestions sont bienvenues pour que VIS COMICA respecte la parité au moins, et valorise les ostracisées au mieux, en ajoutant des autrices à l’humour exigeant dans sa tentative d’élaboration d’une bibliothèque humoristique.
Concernant les ressources sur l’humour, accessibles aux soutiens en se connectant en zone privée du site : il y a longtemps que je n’en ai pas ajoutées… ça vient ! En attendant, les soutiens bénéficient d’un epub récent en zone privée du site : Manuel de survie à l’usage des incapables de Thomas Gunzig (cadeau de mai) ; auteur dont j’ai parlé dans le numéro précédent. J’essaierai en outre d’offrir désormais au moins un epub par mois aux soutiens — entre autres choses [clin d’œil appuyé aux non-soutiens].

• Anne M. de Nantes, lectrice et par ailleurs généreuse soutien de VIS COMICA (> c’est donc un exemple pour tous !) me signale la venue d’Andrei Kourkov (VIS COMICA n°1) à la Géothèque de Nantes, sur réservation, sur le sujet de « Écrire l’Ukraine »… mais c’est ce 2 juin. Cette lettre sort donc trop tard, et cette brève est sans intérêt, hormis qu’on est content de le savoir à l’abri hors de son Ukraine martyrisée. On reparlera de cet écrivain.

• François V. de Paris, lecteur et par ailleurs généreux soutien de VIS COMICA (> c’est donc un exemple pour tous !) me signale qu’à Paris on peut voir une adaptation théâtrale de Feel Good de Thomas Gunzig à la Manufacture de Théâtre des Abbesses. Un succès certainement dû au fait qu’on en a parlé ici le mois dernier.


(LA drôle DE) TAMBOUILLE INTERNE

PETITE ANNONCE 1 : L’auteur français Sébastien Gendron, est d’après le Figaro littéraire un « Mozart du polar déjanté » qui connaît du succès et a, il est vrai, un lectorat fidèle. Il vient de sortir un roman à la Série noire : Chez Paradis. Sébastien Gendron est aussi un « confrère » (j’ai versé dans le genre roman noir burlesque jadis). Il me paraît difficile d’en parler moi-même : si j’en dis du mal, on va me soupçonner d’être un jaloux (on m’a déjà fait le coup sur d’autres auteurs naguère) ; si j’en dis du bien, je vais être suspect de copinage (idem). Bref, je ne donnerai pas mon avis ici, que vous ne connaîtrez donc pas, mais il me paraît difficile d’occulter ses romans. VIS COMICA cherche donc une plume objective et sans conflit d’intérêt pour en parler. Si vous êtes volontaire pour écrire un article, je peux vous envoyer au moins un roman précédent de Sébastien Gendron dans le cadre de ce job (ou plus, si je retrouve les autres). > Signalez-vous !

PETITE ANNONCE 2 (du coup) :
Si vous voulez écrire dans VIS COMICA ? > Signalez-vous !
(Mais attention, je me garde le droit de refuser des contributions).


C’EST (pas drôle, car c’est déjà) FINI !

Rendez-vous le 1er juillet pour d’autres nouveautés, du classique, de la vieillerie, des trucs en ligne.
En attendant vous pouvez toujours écouter mes podcasts : > ici « Le Documenteur » et > là « Mais de quoi tu me parles ? » (je ferai de nouveaux épisodes un de ces quatre, promis) ou acquérir mon nouveau roman (si ce n’est déjà fait).
Vous pouvez aussi chercher l’inspiration lecture avec le PENSE-BÊTE / LA BANDE-ANNONCE DE VIS COMICA (les auteurs dont je parlerai, je ne parlerai pas, j’ai déjà parlé, que vous pouvez d’ailleurs alimenter > en m’en suggérant pour enfin une tentative d’élaboration d’une bibliothèque de l’humour en littérature.
> N’hésitez pas à me faire remonter vos remarques et suggestions.
>>> Abonnez-vous à VIS COMICA c’est gratuit, faites abonner les âmes perdues en expliquant que c’est gratuit, voire soutenez (*) VIS COMICA ! À bientôt. 

(*) Ça veut dire des cadeaux, des trucs que je ne sais pas encore quoi, l’accès à un forum pour tchatcher et se refiler des plans lectures, etc.


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