L’auteur de théâtre Jean-Baptiste P. (dit M.) s’est dit très inquiet du retard pris dans la parution de VIS COMICA, car c’est pour lui, nous écrit-il : « Une compagne littéraire, muse qui m’a comblé, Je ne peux m’en défaire, tant elle est aimée. Cette lettre, bijou de mots d’une splendeur enviée, Mérite d’être partagée, pour qu’elle puisse éclairer. »
ÉDITO (OU TARD)
Ça devait finir par arriver. Il y a déjà le travail pour acheter des pâtes dont le prix augmente sans cesse tandis que le gluten reste stable, et puis le travail qu’on se rajoute à soi-même et qui, lui, n’est donc pas prioritaire. Bref, quand les deux se télescopent tels des touristes assoupis au volant sur l’A4, l’un des deux est repoussé (il rebondit sur la glissière ; valse dans le fossé), et c’est donc ce qui est arrivé à VIS COMICA de mai. Le numéro a en effet pris un mois de retard comme plusieurs milliers d’entre vous s’en sont inquiété. C’est donc le numéro de mai juin que vous tenez entre vos petits yeux enfin rassurés et en plus il arrive fin juin à cause de l’embouteillage causé par l’accident de celui de mai. Oui, c’est ça aussi, filer une métaphore.
Forte de cette expérience, VIS COMICA, la lettre gratuite et mensuelle sur la littérature et les écrits humoristiques devient conséquemment (NB : conséquemment, ça veut dire « du coup ») à compter de ce numéro VIS COMICA la lettre gratuite et irrégulomadaire sur la littérature et les écrits humoristiques.
Dans ce numéro que vous voyez donc double, qui privilégie désormais la forme brève pour ses articles et les liens (je me suis dit qu’il n’y avait pas que moi qui devais me battre avec l’emploi du temps), vous allez trouver, du moins je l’espère, de quoi lire ou écouter durant les vacances estivales à propos de ce sujet dont lequel que c’est que c’est celui que je vous parle donc avec le plus de clarté, de motivation et de prosélytisme possibles. Il va vous plaire tant que vous en ferez même la promotion, et d’avance je vous en remercie, je suis vraiment touché.
Le prochain numéro de VIS COMICA surgira « à la rentrée ». D’ici là, je vous souhaite de passer un bel été riche de rires et de lectures drôles, mais toujours dans l’exigence, la culture et l’intelligence, parce que comme le dit l’expression « ce n’est pas parce qu’on bouquine sur la plage qu’il faut nous prendre pour des bulots ».
À bientôt,
Francis
(qui a une liste longue comme une mobilisation contre la réforme des retraites de romans comiques à lire et va essayer de vous en repérer — bien davantage que cette fois-ci — pour la prochaine lettre durant l’été).
Les images d’illustrations sont créées par ma pomme avec l’IA Midjourney. Les coquilles, erreurs d’orthographe, de grammaire, de syntaxe qui m’auraient échappé n’offrent aucune possibilité de remboursement compte tenu du caractère de gratuité de cette lettre de qualittée.
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et vieilleries
Depuis son numéro précédent VIS COMICA, qui a pour vocation principale de repérer la littérature et les écrits humoristiques exigeants et de distinguer le comique du ricanement, utilise son Comicoscore. Sur une échelle de 5, le Comicoscore VIS COMICA de la littérature et des écrits humoristiques est basé sur 1 — L’intelligence humoristique, 2 — La culture convoquée, 3 — L’ambition de l’ouvrage, 4 — l’originalité du sujet et/ou de son traitement, 5 — La qualité du style et de la langue. Le Comicoscore VIS COMICA établira désormais ainsi une échelle sur 5 points (A — 5/5 > E = 1/5).
> « Un humour colossal et une mélancolie bouleversante », c’est ce que nous promet Le Dilettante avec le roman de Julien Leschiera paru en janvier dernier Naître ou ne pas naître. > On trouvera ici chez l’éditeur la 4e de couverture et > un extrait ici (qui doit se situer probablement avant que l’humour colossal ne débute. Mais bon, c’est de la médisance : je n’ai pas encore lu le roman en entier… À suivre, donc).
> Lesage, ou l’invention comique, ouvrage collectif piloté par deux universitaires vient de paraître chez Sorbonne Université Presses. Il examine l’œuvre, notamment théâtrale, de l’auteur de Gil Blas de Santillane. « Le parti pris du recueil des seize études ici réunies est de discerner dans l’invention comique lesagienne, tant romanesque que théâtrale, un puissant principe d’unité et d’originalité, et d’en prendre toute la mesure : il s’agit tout à la fois d’explorer les différentes facettes de ce régime comique, afin d’en mieux reconnaître la singularité et la modernité, et de le resituer dans son temps sans en négliger le devenir, entre oubli prolongé et postérités trop souvent méconnues. » > on en saura beaucoup plus ici.
> Drôle de critique. Toutes les personnes, de Raphaël Metz est un roman paru en juin chez Stock, qui prend pour sujet l’humour, si j’ai bien compris, au travers de plusieurs personnages d’humoristes. Si j’ai bien compris toujours Le Monde, le roman est au final « sombre ». En revanche, l’article et la « critique » qui nous l’expliquent sont quelque peu ahurissants. C’est ce qui est drôle, car si le livre est tout de même un peu drôle (vous me suivez?), Le Monde l’aura rendu déjà chiant. > Je vous ai mis l’article en PDF ici.
> PAS ENCORE LU. Huaponi Erica ! Le premier roman de Véronica Cozzo, préfacé par Mazarine Pingeot, est disponible chez votre libraire depuis le jeudi 11 mai ou à commander sur le site des Éditions Velvet. On nous dit ça : Intrigues, audimat et cocadas ! Dans ce roman délicieusement teinté d’humour noir et de folie latino, Véronica Cozzo s’empare (et s’amuse follement) de tous les styles de la comédie populaire, satire, parodie et vaudeville, pour attaquer le ridicule du monde des riches et des célébrités. Elle nous entraîne à un rythme effréné dans la foulée de personnages extravagants qui, échappés de leur très clinquante société de production audiovisuelle « Starlight », disjonctent et s’affranchissent, pour notre plus grande réjouissance. Toute ressemblance avec des personnages existants serait purement fortuite ! « Fantasque, rocambolesque, hilarant, écrit dans un second degré qui s’entremêle de façon labyrinthique au premier, celui qu’exige la construction de toute histoire. »
Extrait de la préface de Mazarine Pingeot. > VIS COMICA lira peut-être, ne serait-ce que pour avoir une idée du sens de l’humour de la préfacière dont l’extrait ci-dessus fait craindre peu d’inspiration. (À noter que jusque-là, TOUS les romans que j’ai pu lire qui traitent de la télévision étaient des catastrophes).
C’est une chronique de Charles Dantzig sur France Culture le 4 mai qui m’a appris l’existence d’un roman humoristique de Françoise Sagan, Les faux-fuyants (paru en mai 1991) qui met en boîte des Parisiens snobs en plein exode… Aussi je me le suis procuré. Il y a une sorte d’anniversaire de juin 1940, et son titre est remarquable. Présentation de l’éditeur : « “La Chenard et Walcker resplendissait sous ce beau soleil de juin 40 et ce d’autant plus qu’elle était entourée d’engins poussiéreux et bruyants qui la précédaient ou la suivaient et, parfois, la doublaient sur une autre file. Tout ce convoi se traînait sur une nationale devenue trop étroite, ponctuée de quelques arbres maigrichons et grisâtres : une nationale déchiquetée de temps en temps par les rafales forcenées et rageuses des stukas et, d’une manière performante, par celles tout aussi violentes d’un soleil de saison.”
Durant la Seconde Guerre mondiale, quatre Parisiens, issus de la jeunesse dorée, fuient la capitale. À la suite d’un accident de voiture, ils doivent se réfugier chez des paysans. Le choc culturel entre les deux mondes est source de conflits impitoyables et irrésistibles. ».
Pour ma part, il m’est tombé des mains et je ne l’ai même pas terminé. Cela a sans doute très mal vieilli, et les travers bourgeois, snobs, que veut épingler Sagan, paraissent plus que jamais trahir ses propres clichés de classe qu’elle s’efforce pourtant de dénoncer. C’est du boulevardier à la campagne. Sagan a bien fait de ne pas se prendre trop souvent pour une humoriste, du moins à l’écrit. > Des avis toutefois ici sur Babelio
Jean Pezennec, écrivain humoristique nantais prolifique (nous avions dit du bien de son recueil d’aphorismes Tarte aux phrases dans VIS COMICA n° 1 il y a déjà plus d’un an) s’obstine dans l’ironie, le sarcasme, l’absurdie… Et il a bien raison. On n’en manque pas… en tout cas, de cette qualité. Un nouveau petit recueil vient de sortir (un « microcactus ») au Cactus inébranlable : Le vieux qui mâchonnait des religieuses. On pourrait se dire que Jean se moque dès son titre de l’écrivain suédois Jonas Jonasson (Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, Le vieux qui voulait sauver le monde), mais on se dit non quand même, non, il n’oserait pas. (Pas de Comicoscore pour ce recueil : Jean Pézennec est un soutien de VIS COMICA : pas de conflit d’intérêt, hein).
pêché EN LIGNE
« Un Beau Salaud, Salle des Trois Coups à Villenave-d’Ornon », c’est ce que nous > dit La Gazette de Bordeaux. VIS COMICA y a appris l’existence sur cette Terre de Pierre Chesnot dont on n’avait jamais entendu parler : « La compagnie Théâtre pour tous, joue jusqu’au 25 juin cette pièce très drôle de Pierre Chesnot. Le ton général s’il est vaguement machiste, s’avère tendrement provocateur. Pierre Chesnot est l’un des auteurs comiques français les plus titrés à l’international. Ses comédies sont jouées dans le monde entier. » Après vérification… > en effet. Comment se fait-il qu’il soit inconnu de VIS COMICA ? Parce que c’est du Boulevard ? Possib’… P’têt, en fait… Mais dont acte : moi qui croyais qu’en matière de théâtre français à la con exporté à l’international il n’y avait que Yasmina Réza qui fait dans le Boulevard à faux-nez culturel décomplexant le bourgeois et les lecteurs de Télérama. Comme quoi, hein, il ne faut pas avoir de préjugé.
• « L’Os à moelle », histoire de « l’organe officiel des loufoques » : c’est un > dossier de l’excellent Retronews (pour abonnés) sur le journal créé par Pierre Dac.
• Stand-up moyenâgeux : des manuscrits révèlent l’humour anglais des ménestrels du XVe siècle : « Des textes humoristiques, identifiés dans des manuscrits du Moyen-Âge par un chercheur de l’université de Cambridge, offrent un aperçu sans précédent de la façon dont les gens se divertissaient à l’époque. » > un passionnant article du magazine Géo.
• Le site web Femmes du Maroc publie un entretien avec une autrice a priori intéressante, Siham Benchekroun (> son site) puisqu’elle s’attaque dans un roman comique à cette tarte à la crème toxique qu’est le développement personnel : « Médecin psychothérapeute et écrivaine engagée, Siham Benchekroun présente son nouveau roman J’avais si faim d’amour que je me suis fait des pâtes (Éditions Les Rirosophes), une satire désopilante des excès et dérives du développement personnel » (> l’entretien ici sur Femmes du Maroc). > Ce qui est le plus drôle est surtout le fait que le site de l’autrice ne mentionne pas le livre, et que les Éditions les Rirosophes sont introuvables. Côté développement, c’est mal parti.
• Maroc encore, avec Fouad Laroui : on a dit beaucoup de bien d’un de ses romans, Les tribulations du dernier Sijilmassi (VIS COMICA n° 10) qui avait obtenu le Grand Prix Jean Giono en 2014. On n’a pas eu le temps d’en lire d’autres, qu’il y en a déjà un nouveau qui paraît. L’écrivain Fouad Laroui (homme, semble-t-il, controversé pour son implication avec le royaume chérifien) est à l’occasion de son nouvel opus l’objet d’un portrait/interview sur Le 360 (où il écrit). Il y a donc de quoi se relancer à cette occasion dans le débat consistant à savoir s’il faut distinguer l’homme de ses écrits. Là, c’est une variante : faut-il distinguer l’humour drôle d’un écrivain de l’homme qui fait des trucs pas drôles et qui écrit ?
• L’écrivain, éditeur, critique, François Braud (qui fut aussi mon premier éditeur au siècle dernier) s’est lancé dans une entreprise d’ampleur : écrire un Contre dictionnaire amoureux du polar qui se veut un « hommage critique au Dictionnaire amoureux du polar de Pierre Lemaitre(Plon) » : « J’ai relevé le défi de bâtir un contre dictionnaire au sien, un codicille ou plutôt un complément, pas qu’une exégèse ni qu’une critique. », dit-il. François en est déjà arrivé à la lettre H, qui comprend l’entrée « humour » (dans le polar). Il se passe que je suis un auteur qui laboure l’humoristique et affiche des positions d’ayatollah à ce propos. François m’a donc invité à contribuer à cette entrée (merci !) et y évoque aussi (avec bienveillance) maviemonœuvre. > C’est à lire ici, dans la 2e partie de l’entrée H.
• Hugo, Baudelaire, Céline : pourquoi a-t-on oublié qu’ils étaient drôles ? Lors de cette émission de Sans oser le demander de France Culture que pourtant j’aime beaucoup, on souffre atrocement durant une demi-heure tant la bêtise dégouline sur le sujet de l’humour en littérature entre l’universitaire Adrien Dénouette qui raconte n’importe quoi en s’écoutant parler et jongler avec tout et son contraire (Hugo, Chaplin et je ne sais quel stand-uper mis dans le même sac et en équivalence, et j’en oublie. Si je n’avais que cela à faire, j’écrirais un livre entier pour lui expliquer comme ce qu’il dit est navrant, sinon grotesque — comprendre : très con) et l’animatrice, Géraldine Mosna-Savoye qui se surpasse cette fois dans l’art de paraître particulièrement cruche. Première demi-heure qui confirme qu’on n’est pas barré pour ce qui est de la compréhension des vices et vertus, et usages, de l’humour écrit. Heureusement, il y a comme une sorte de sursaut en deuxième partie et surgit une analyse, notamment de certains poèmes de Baudelaire, ou des commentaires plutôt pertinents sur l’abîme d’humour noir que sont Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit chez Céline le romancier (parce que le pamphlétaire n’est pas drôle) et enfin un rappel de Rabelais. Ce qui sauve le niveau — malgré cette propension à prendre aujourd’hui le stand up comme l’alpha et l’oméga de l’humour actuel et à mettre toutes les formes d’humour (oral, audiovisuel, écrit, etc.) sur un même plan de réflexion. > c’est à ouïr ici.
• Le rire épidémique : peut-on vraiment mourir de rire ? Et pourquoi certaines personnes ne sont pas drôles ? Brut a posé 9 questions sur le rire à la neuropsychologue Sylvie Chokron qui enfonce sans rire bien des portes ouvertes. Ce qui est intéressant, c’est le fait que la chercheuse du CNRS rappelle la crise de rire dans un pensionnat de jeunes filles en Tanzanie en 1962 pour expliquer ce qu’est un fou rire. Ce qui renvoie à un article du Monde revenant sur les épidémies historiques de rire qui ont touché des centaines de personnes, principalement en Afrique.
• Génération d’hallucinations. J’ai continué de m’amuser avec l’IA générative de textes ChatGPT en prenant des postulats absurdes pour voir si on peut en tirer quelque chose en matière de fiction. Ici un inédit des aventures du pantin Oui-Oui, Oui-Oui et le protoxyde d’azote et un crash-test littéraire (j’ai demandé à l’IA d’écrire comme Angot et Mussot) : Christine Angot, Guillaume Musso, Bard, ChatGPT et les choux de Bruxelles.
• 200 patates. L’humoriste Blanche Gardin a refusé de participé à l’émission LOL sur Amazon Prime (qui lui aurait fait gagner 200 000 €) en publiant une lettre ouverte adressée à Jeff Bezos. Depuis elle est vouée aux gémonies par le show-biz et ses semblables du stand up. pourquoi VIS COMICA en parle ? : parce que sa lettre ouverte est savoureuse (> ici sur le Facebook de Blanche Gardin). Ça commence par « Très très cher Monsieur Bezos » et se termine par « Si toutefois, me lisant, vous tombiez des nues, ou de l’espace (je connais pas votre emploi du temps ces jours-ci) en découvrant des choses dont vous n’étiez pas au courant et qui vous peinent, et que ça vous donne envie de repenser entièrement votre entreprise, alors peut-être que vous pourriez me réinviter ultérieurement. Et que je pourrais accepter. Lol. » Entre ces deux extraits, sinon, c’est du vitriol sur les méfaits fiscaux, mais pas que, tant s’en faut, d’Amazon (qui a tout démenti depuis).
• Résistance au rire. Alya Aglan, professeure d’histoire contemporaine à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et autrice de Le rire ou la vie : Anthologie de l’humour résistant 1940-1945 (Gallimard) était > l’invitée de 6 h 20 sur France Inter, lundi 1er mai.
• Encore une tuerie. Signalé par M. Claude H. > ce billet d’humeur de l’écrivain Antoine Audouard contre l’emploi excessif et abusif de l’expression « c’est une tuerie ».
• Loufoqueries. Encore une brève repérée par M. Claude H. : « Les Belles Lettres ont réédité ce 2 juin Hello, Plum !, de P. G. Wodehouse, sous-titré Autobiographie en digressions. Dans ce superbe récit vagabond publié en 1957, il nous parle de romans policiers, de Shakespeare, de Hollywood, et du ramassage des escargots. » > En savoir plus ici.
• Pas que drôle. Si vous ne connaissez d’Oscar Wilde que ses punchlines humoristiques, voici en 2 minutes 20 de quoi en apprendre davantage. Saviez-vous que ce bougre de génie a deux tombes ?
• Rue du Boulevard. Si vous cherchez des textes humoristiques pour le théâtre, il y a évidemment La théâtrothèque. > Un premier auteur repéré : Lionel Messey (je n’ai pas lu, mais si vous me direz, quoiqu’il y a beaucoup de Boulevard dans cette base, alors méfiance).
• Pierre dans le jardin/caillou dans la chaussure. La zététique est une pratique définie par son créateur Henri Broch comme « l’art du doute », le terme d’art devant être compris au sens médiéval d’habileté, de métier ou de connaissance technique, en clair, de « savoir-faire » didactique qui, sans être une fin en soi, est un moyen pour la réflexion et l’enquête critiques. Richard Monvoisin pratique cette discipline joyeusement (voir ci-dessous et sur son site).
en vraC
• C’est bien triste. L’homme d’une créativité inouïe (poète, écrivain, plasticien…) et d’une grande culture qu’était le surréaliste et pataphysicien belge André Stas est décédé le 26 avril dernier (m’a appris Jean Pézennec, lecteur et soutien de VIS COMICA et écrivain édité comme Stas chez Le Cactus inébranlable, lequel Stas > venait juste d’y publier Je pensai donc je fus un recueil de 388 pages d’aphorismes. André Stas laisse un grand vide, et nombre de chaises de même puisqu’il fut « Régent de la Chaire Fondamentale de Travaux Pratiques d’Aliénation mentale au Collège de » Pataphysique — dont il est également Correspondant Emphytéote —, Grand Fécial Consort et Commandeur Exquis de l’Ordre de la Grande Gidouille, Grand Dipsomane de l’Empire Impérial, Ministre de la Pataphysique, des Majorettes et des Pom-Pom Girls de l’Empire Kafre, Consul honoraire du Sultanat de Bouillon, Prétendant au Trône de Prince-Évêque de la Principauté de Liège, Grand Jardinier du Paradoxe et du Mensonge Universel et Vice-Amiral Galopin », et restera surtout fortement regretté. Je l’avais croisé à Limoges il y a fort longtemps lors d’un colloque sur les brouettes et les fous littéraires (hello Christian Dufour !)… André Stas était en outre adorable, simple, charmant. Encore d’autres de ses innombrables talents pas si répandus.
• Je serai un des auteurs invités en marge du festival musical La ferme électrique le 7 juillet à Tournan-en-Brie (77) où lors d’un papotage nous gloserons entre nous, tout en essayant de garder l’auditoire éveillé, des rapports entre littérature et musique (ça tombe bien, j’ai des trucs pour me vanter et faire le malin, puisque j’ai commis des bouquins directement liés à la chanson populaire). Si j’arrive à prendre le pouvoir sur les autres autrices et auteurs en arrachant le micro à l’animateur ou en parlant toujours plus fort en gonflant les épaules et en écrasant de mon égo, j’essaierai de placer en quoi je suis le seul auteur au monde à pratiquer la littérature granulaire ou dite « à granularité constante » (j’essaie de rester dans le coup, et le terme « granularité » monte dans les trends, c’est de l’opportunisme pur). Franchement, vous ne pouvez pas manquer cela. > En savoir plus ici.
• Et on tuera tous les affreux à la manette de jeu. Le polar humoristique de Vernon Sullivan (Boris Vian) Et on tuera tous les affreux a été adapté en jeu vidéo sous le titre To hell with the ugly (Au diable les affreux). > On en saura plus ici avec des images en vidéo visiblement conçues pour ne pas donner envie.
• Daniel Pennac a été récompensé par le Grand Prix littérature de l’Académie française pour l’ensemble de son œuvre ce 22 juin. L’ensemble de son œuvre, cela implique donc aussi son dernier roman Terminus Malaussène qui nous est paru plutôt pathétique, et c’est donc étrange.
• Un pastiche chinonrien. La BnF > consacre jusqu’au 29 octobre 2023 une exposition aux détournements comiques de journaux qui réunit pour la première fois une large sélection de pastiches et parodies de presse écrite. Peu étudiée, cette pratique aujourd’hui très présente sur le web est régulière et ininterrompue depuis près de deux siècles. Ces pastiches interrogent notre rapport à l’information, de façon décalée et inédite. Présentant principalement des documents issus des collections de la Bibliothèque, l’exposition décrypte ces faux journaux pour rire, en s’appuyant à la fois sur la continuité du genre, ses évolutions et ses formes actuelles.
• Froggies. Courrier International du 7 mai a publié la traduction d’un article du journal britannique The Guardian : Dix expressions françaises indispensables pour visiter le pays. Il est bien troussé ; je vous l’ai extrait des archives et > il est ici.
• Arrêtés, vos conneries. Le premier mai dernier, > un maire de l’Oise a publié un arrêté humoristique pour encourager la mobilisation contre la réforme des retraites.C’est l’occasion de revenir sur tous les arrêtés bien loufoques que prennent parfois des élus. Ouest-France a consacré un long papier à ce sujet : « Interdiction aux moustiques de survoler la commune, interdiction du survol, du décollage et de l’atterrissage des soucoupes volantes, interdiction de tomber malade ou d’accoucher dans la commune… » C’est à lire, car il y a de drôles d’idées et des idées drôles… et un concours d’arrêtés loufoques est même organisé. Je vous l’ai > archivé ici
• Façon David Lodge ? Si vous voulez participer à un colloque en Côte d’Ivoire en septembre prochain, il faut proposer un article sur le sujet suivant : « L’humour dans la dédramatisation des contemporanéités » (> toutes les informations et références ici).
• Riez sérieusement. Si voulez écrire un article sur l’humour dans la littérature (sait-on jamais parmi les lectrices et lecteurs de cette lettre), le dossier thématique du numéro 1/2023 des Annales de l’Université de Craiova. Série Langues et littératures romanes sera dédié à « L’humour : formes d’expression et effets de style. » > À soumettre pour le 1er septembre au plus tard. L’intérêt de ces annonces (outre qu’on peut constater qu’il y a heureusement des universitaires qui s’intéressent à ce sujet) est qu’on peut y choper de belles listes bibliographiques d’essais, que VIS COMICA tient désormais à jour dans > sa tentative de bibliothèque sur l’humour (voir en fin de page).
• Réveil. Des enseignants se tapent chaque année chacun des centaines de dossiers ParcoursSup pour les candidats à l’enseignement supérieur. C’est fastidieux et ennuyeux : les dossiers, les bulletins, les lettres de motivation… Ça prend des jours. Parfois surgissent des surprises qui les réveillent un peu dans une litanie de lectures assommantes… Un peu d’écrit qui somme toute, est drôle. Deux captures d’écran qu’on m’a transmises :
Et tant qu’on y est à propos du baccalauréat, voici un truc chipé sur le web qui m’a fait franchement rire : « Bac philo : gare aux approximations ! »
• Cassés/grillés. C’est drôle : les gens font écrire ChatGpt (l’intelligence artificielle générative de textes) à leur place… mais ils merdent, et du coup ça se voit. > Un article de L’Avenir, journal de la Belgique, ce pays qui fait preuve d’intelligence supérieure non artificielle, car il pratique l’autodérision avec application.
cadeau soutiens
1 ebook gratuit ce mois-ci est offert en téléchargement aux soutiens de VIS COMICA : l’indépassable et éblouissant Cantatrix Sopranica L. et autres écrits scientifiques de Georges Perec. > En savoir plus sur ce recueil sur Wikipedia. Les soutiens pourront le télécharger en se connectant et se rendant dans l’ESPACE KEKCHOZ qui leur est dédié. (> Mais c’est ouf ! Comment les soutiens font-ils pour avoir de tels privilèges ?).
courriers des lecteurs
• Un courriel de François Braud à propos de la critique de Kasso de Jacky Schwartzmann dans le numéro précédent (cf : Macron aurait dû appliquer la réponse 42 pour la réforme des retraites, conseillée par Douglas Adams), François Braud, lecteur et écrivain nous dit : « Le critique est féroce pour Jacky, ton filtre est fait de toile imperméable ? Je devrais le relire avec ton filtre… D’autre part La Chambre à brouillard d’Éric Chevillard n’est pas un roman comique, enfin pas que, c’est aussi un jeu de langues plutôt réussi, plus loufoque que drôle (on peut gloser sur la différence). » (> François en parle dans son blog littéraire, > c’est ici).
François Braud ajoute : « Je réagis aussi à ton lecteur qui t’écrit à propos du nombre 42 (> lire le courrier des lecteurs du numéro précédent. Il s’agit du nombre 42 comme réponse à toute chose selon l’auteur de SF Douglas Adams et cela fait l’objet de l’édito de février), l’autrice de polar Michèle Pedinielli y fait allusion dans un entretien ». On le voit : VIS COMICA ne raconte pas (toujours) n’importe quoi : la croyance dans le nombre 42 est très répandue, même chez les gens qui abordent le monde avec gravité.
c’est pas drôle : c’est fini
Rendez-vous en septembre pour le 14e numéro pour d’autres nouveautés, du classique, de la vieillerie, des trucs en ligne, etc. En attendant vous pouvez toujours consulter les archives dans la colonne de droite, écouter mes podcasts : > ici « Le Documenteur » et > là « Mais de quoi tu me parles ? » (je ferai de nouveaux épisodes un de ces quatre, promis) ou acquérir mon dernier roman (si ce n’est déjà fait). Vous pouvez aussi chercher l’inspiration lecture avec la tentative d’élaboration d’une bibliothèque humoristique, que vous pouvez d’ailleurs alimenter > en m’en suggérant pour enfin une tentative d’élaboration d’une bibliothèque de l’humour en littérature. > N’hésitez pas à me faire remonter vos remarques et suggestions. >>> Abonnez-vous à VIS COMICA c’est gratuit, faites abonner les âmes perdues en expliquant (et partageant ce numéro) que c’est gratuit, voire soutenez (*) VIS COMICA ! À bientôt.
(*) Cela veut dire des cadeaux (ebooks), des trucs que je ne sais toujours pas encore quoi, l’accès à un forum pour tchatcher et se refiler des plans lectures, etc.