« Orgasme à Moscou », de Edgar Hilsenrath

La réputation d’Hilsenrath est immense tant pour ses ouvrages liés à la Shoah que pour ses autres romans humoristiques, notamment le plus réputé Fuck America que VIS COMICA va bien finir par lire un jour.  Hélas on a commencé par Orgasme à Moscou

Présentation de l’éditeur : 

Après le succès américain du Nazi et le barbier, le cinéaste Otto Preminger commande un synopsis à Hilsenrath qui écrit en six jours Orgasme à Moscou. Dans cette réécriture déjantée d’OSS 117, l’auteur de Fuck America abandonne toute limite et se livre à une mémorable surenchère burlesque.
Guerre froide, 1970. La fille du patron de la mafia new yorkaise, Anna Maria Pepperoni, connaît son premier orgasme lors d’un voyage de presse à Moscou. Le responsable ? Sergueï Mandelbaum, fils de rabbin et dissident juif fauché doté d’une étonnante propension à susciter des orgasmes. La mafia met tout en oeuvre pour le faire venir aux États-Unis afin d’épouser Anna Maria, mais le passeur qu’elle a recruté est un dangereux dépeceur sexuel. Les obstacles, et pas seulement diplomatiques, s’accumulent…
Alors… tout est vrai dans cette présentation : sauf que quoique salué un peu partout, ce roman n’est pas vraiment drôle, que ça a énormément vieilli, que c’est même très daté dans l’humour (il y a de l’humour ancien qui peut ne pas vieillir, hein), outrancier (avec le sexe, et pourtant ici on n’est pas bégueule), et c’est bourré de tunnels de dialogues fatigants… ce qui doit être la trace de l’écriture en six jours. Ça sent le scénario rebidouillé.  Ce doit être, se dit-on, on le verra ou non, un des moins bons Hilsenrath. On va vérifier avec le fameux Fuck America. À suivre.

(Cela étant, le dernier paragraphe de la fin est drôle… Si seulement tout l’ouvrage avait été sur ce ton ! ) :

« — Les terroristes sont morts, dit la voix à l’autre bout du fil. Nous avons pris l’avion d’assaut et libéré la Mafia !
— Excellent, dit le président du Conseil.
— Nous renvoyons la Mafia en Amérique aujourd’hui même !
— Excellent, dit le président du Conseil.
Il reposa le combiné et se gratta le derrière.
Une journée mémorable. Tant de choses s’étaient passées, que la presse mondiale toujours avide de frissons relatait avec délectation, et tant d’autres qu’elle passait sous silence… comme par exemple : le président du Conseil italien se gratte le derrière ! En cette journée mémorable, certains décidèrent de changer de sexe, d’autres de changer la carte du monde et d’autres encore, qui étaient riches, de devenir encore plus riches. « Beaucoup se demandaient pourquoi ils avaient un orgasme, beaucoup d’autres pourquoi ils n’en avaient pas. Des millions se posaient des questions, des millions d’autres ne s’en posaient plus. Beaucoup cherchaient le sens de la vie, beaucoup d’autres ne le cherchaient pas. Beaucoup coururent voir un psy parce qu’ils ne manquaient de rien, beaucoup d’autres en auraient eu grand besoin, mais manquaient de moyens. Quelque part des enfants pleuraient d’avoir trop mangé, ailleurs des enfants hurlaient vers le ciel silencieux parce qu’ils crevaient de faim et que leurs mères n’avaient pas un seul grain de riz à leur donner. Les jets volaient plus vite, les lave-linge lavaient plus blanc, mais la journée avait toujours vingt-quatre heures. »