Sur une île jamais nommée (mais dans le genre de l’île de Groix ou de Bréhat), se retire dans sa résidence secondaire sans chauffage un dessinateur de bandes dessinées en quête de renouveau après un échec cuisant. Il décrit très précisément et joliment son environnement ainsi que ceux qu’il observe : chaque autochtone (les « natifs » et les « secondaires » en quête d’identité) et les hordes saisonnières de touristes ; le tout avec une permanente ironie bienveillante ou incisive particulièrement réjouissante et intelligente, Le maire, personnage haut en couleur épris de culture plutôt en vrac et de visions politique et culturelle décalées, engage le héros dans une entreprise hasardeuse : la création d’une fresque murale au sein de la salle des fêtes, censée capturer l’essence même de l’île, avec ses légendes, ses habitants pittoresques, et même son trésor de pirate dissimulé. On a « L’art pariétal qu’on mérite » se dit l’artiste déprimé. Et puis il y aussi une actrice qui vit recluse sur ce bout de terre protégée par son serviteur, mélange de Bardot défigurée par l’âge et de la fantomatique et fascinante Norma Desmond de Sunset Boulevard…
Avec un premier chapitre ouvrant sur les habitants du paléolithique (en écho à la permanence de la singularité de l’île sans doute), un long développement humoristique (du cocasse au farfelu en passant par la critique sociale), et une fin dramatique qui cède à l’émotion et la gravité, ce roman étonnant, atypique, vraiment drôle, élégant, pudiquement érudit, à l’écriture servie par un style remarquable — mais aussi tendre et plus profond qu’il n’y paraît — est une perle que VIS COMICA ne saurait trop vous recommander.
(Merci à Patrick L. de me l’avoir recommandé et prêté !)
La vague qui vient
Daniel Fohr
EAN : 9782360841998
336 pages
INCULTE ÉDITIONS (23/08/2023)