« L’art de moucher les fâcheux » de Julien Colliat

À l’instar de son Anthologie de la répartie (> lire ici) L’art de moucher les fâcheux est l’autre ouvrage de Julien Colliat qui laisse sur un sentiment ambigu  : c’est (cette fois encore) à la fois brillant, très talentueux et… lassant. Passant en revue 37 exemples de réparties (que l’on trouvera parfois quelque peu « fabriquées » par l’auteur lorgnant sans doute vers l’ambition d’écrire un immarcescible > L’Art d’avoir toujours raison à la façon de Schopenhauer), Julien Colliat (qui exploite à foison de nombreuses réparties célèbres en les ayant anonymisées (mais qu’il avait crédité  dans son Anthologie de la répartie) et quelque peu artificiellement catégorisées, parvient toutefois au risque (hélas constatable) d’être ennuyeux à analyser, disséquer et commenter chacun des exemples qu’il donne. C’est à la fois remarquable — c’est un tour de force en terme d’exercice de style — et lourdingue car il n’apporte rien à ce qui est déjà dans le moindre manuel de rhétorique (cf : de Schopenhcauer et tant d’autres au hype actuel et tout aussi brillant Clément Viktorovitch dans son Le Pouvoir rhétorique — Apprendre à convaincre et à décrypter les discours). On lit la moitié de ce manuel anti-fâcheux, dont les préconisations sont bien évidemment inapplicables, amusé et épaté par sa verve et sa capacité talentueuse à disserter (37 fois plus une préface) sur toujours le même sujet, à en dégager tant de (pseudos) catégories… pour s’ennuyer ferme au final à force d’une certaine redite. On feuillette la seconde moitié de ce pourtant court ouvrage, chipote son texte en se demandant aussi au passage quel ressort psychologique pousse l’auteur à tant gratter le sujet de la répartie. En résumé : c’est à la fois drôle, spirituel, mais… chiant. Désincarné. Stylistiquement très écrit, le livre manque cruellement de jubilation. C’est trop clinique.
Cette science de la répartie, dont il est incontestablement l’érudit spécialiste, Julien Colliat n’a pas encore trouvé la bonne formule pour la faire briller. Il établit des planches à la façon d’un collectionneur de papillons, dont les prises sont belles, mais hélas tuées à force d’épinglage et de mise sous verre. On se dit qu’il devrait plutôt écrire un roman, à la façon du film Ridicule de Patrice Leconte, pour mettre à profit sa culture, plutôt que de s’astreindre à être entomologiste.

Présentation de l’éditeur : « 
Après son Anthologie de la repartie,Julien Colliat livre 37 stratagèmes pour mater importuns et autres raseurs. Une œuvre de salubrité publique. Du silence méprisant à l’insulte, il y a maintes manières de faire face aux cuistres, mufles et autres fâcheux qui gâchent notre quotidien. Une seule riposte sera cependant efficace en toute occasion : moucher l’adversaire au moyen d’une réplique. Une phrase concise, spirituelle et sans contestation possible, qui le fera taire. À la fois théorique et pratique, ce livre propose 37 astuces imparables permettant, dans chaque situation, de trouver la réponse idéale : du stratagème du miroir à celui de l’écrevisse, en passant par celui du disciple ou du prophète, un véritable vade-mecum pour apprendre et s’approprier l’art de la repartie et du mot bien senti. De quoi sortir la tête haute de tout échange désagréable. »
> mais sur Babelio, ils aiment.
EAN : 9782757899045 – 168 pages – rééd. POINTS (15/09/2023).