« Les doigts coupés », roman préhistorique d’Hannelore Cayre

Grosse déception que le nouveau roman, sorti au printemps, d’Hannelore Cayre, Les Doigts Coupés. Non pas que du point de vue de VIS COMICA il ne soit pas drôle, ou que l’humour tombe à plat, mais même d’un point « non littérature humoristique »  le fait est qu’il est tôt assommant, bancal et pâteux dès les premières lignes, avec un postulat (des squelettes vieux de 35 000 ans retrouvés entiers…) difficile à avaler ; du moins dont l’autrice n’a pas neutralisé les objections potentielles. Enfin, la volonté de démonstration  de la thèse — pourtant très intéressante et sympathique a priori (*) — est si patente et lourdingue que le roman tombe des mains dès les premières pages (on n’est finalement guère allé loin dans l’ouvrage) avec l’étalage à marche forcé de ce qui semble être une avalanche de connaissances et de documentation qu’il faut absolument placer. Les femmes préhistoriques s’expriment comme des contemporaines… pourquoi pas. Ce pourrait être drôle ou d’un point de vue littéraire déjà tout simplement intéressant…. Mais il manque quelques artifices qui là aussi aideraient à accepter ce principe avant d’en faire des tonnes. Sur le thème préhistorique, Patrick Cauvin, sous le pseudonyme de Claude Klotz avait dans Les Innommables (1971) bien réussi à faire passer autant anachronique…  Rien ne semble vraiment maîtrisé chez Hannelore Cayre. Pourtant le talent d’Hannelore Cayre est d’ordinaire indéniable. Elle en a fait magistralement la preuve avec son fameux roman La Daronne. Que s’est-il passé ?  On dirait un vieux manuscrit de jeunesse qui n’a pas été retapé…

Un résumé : La première scène de crime de l’Histoire ! C’est l’effervescence chez les paléontologues après l’exhumation d’une grotte en Dordogne. Son occupation remonterait à 35 000 ans. A l’intérieur, deux squelettes, dont celui d’une femme aux doigts coupés. Celle-ci a laissé sur la fresque du mur l’empreinte de sa main mutilée. Saura-t-on jamais ce qu’elle a voulu dire ? Oui, car Hannelore Cayre nous révèle les détails de sa vie peu commune. En ces temps reculés, Oli la rebelle souhaite se joindre aux expéditions des chasseurs-cueilleurs. Ce qui lui vaut une sévère sanction de l’Oncle-Ainé. La jeune fille passe outre. Munie de l’outil propulseur conçu par sa sœur Wilma, elle pourra parvenir à ses fins. Puis, celle qui refuse les relations sexuelles imposées s’enfuit pour voir « le bout du monde » et rencontrer les Etrangers. Semant partout où elle passe un chaos invraisemblable.

(*) Le Nouvel Obs explique en effet que  : « Cet étonnant roman s’inspire directement de la thèse de Paola Tabet : « Les Doigts coupés, une anthropologie féministe » L’essai définit les trois piliers de la domination masculine : l’accaparement des outils et des armes, la reproduction forcée et l’échange économico-sexuel. Le livre n’en demeure pas moins une fantaisie corrosive à la Hannelore Cayre. Un texte un peu court comme toujours… »