François Blais est un auteur québécois (> Wikipédia) qu’hélas je n’ai découvert qu’à l’occasion de son décès par suicide (> lire ici) il y a 2 ans, et que je m’étais promis de lire. Je viens de commencer avec Document 1 un roman atypique à l’humour épatant qui narre le projet de voyage de deux losers… Eh bien, je vais me procurer ses autres romans. Cet auteur — à confirmer — restera désormais, je pense, dans mon panthéon des littérateurs humoristiques.
Document 1 est un roman faussement désinvolte, mais bien virtuose satirique : il fait en effet souvent allusion de façon désopilante à Marc Fisher, un romancier au considérable succès, auteur de ce qui semble être de la bousasse développement personnel / feelgood (roman : Le Millionaire), mais surtout d’un ouvrage d’apprentissage de l’écriture Le métier de romancier. C’est un plaisir de gourmet, dans une verve québécoise absolument réjouissante, servant un art de la digression et de l’interpellation du lecteur absolument jubilatoires.
Présentation de l’éditeur : « Faire du tourisme en pantoufles convenait parfaitement à notre nature. Les fois où on se disait que ça serait cool de partir pour vrai, de sentir sur notre peau le vent de Pimplico, de magasiner au centre-ville de Happyland, de se faire des amis à Dirty Butter Creek, on savait tous les deux que ça n’était que du pétage de broue sans conséquence, d’ailleurs on prenait soin d’ajouter : «quand ça nous adonnera » ou « quand on aura les moyens ». Aussi bien dire jamais.
Tess et Jude sont passés maîtres dans l’art du voyage virtuel. Un jour, l’idée de faire des Jack Kerouac d’eux-mêmes s’impose. Tess travaille au Subway, Jude est prestataire de l’aide sociale; ils conviennent que rédiger le récit de leur expédition est l’unique moyen de la financer. Tess s’abreuve aux enseignements d’un gourou des lettres et tire les ficelles auprès d’un amoureux transi, auteur de romans abscons, afin d’obtenir une subvention du gouvernement. Le duo quittera-t-il enfin Grand-Mère à bord de sa Monte Carlo 2003 jaune pour sillonner les routes jusqu’à Bird-in-Hand, en Pennsylvanie ?
Après l’échange épistolaire (Iphigénie en Haute-Ville), la biographie (Vie d’Anne-Sophie Bonenfant) et le journal intime (La nuit des morts-vivants), François Blais renouvelle le récit de voyage, le métamorphosant en chronique réjouissante, émaillée de dialogues savoureux. L’auteur s’amuse ferme – l’ironie sostenuto – du factice et de l’insolite projetés par l’écran d’ordinateur, alors qu’il sait, à l’instar de Schopenhauer, que l’entreprise est vaine et que le présent des personnages n’est qu’un point immobile dans un labyrinthe. »